Kinshasa – La République démocratique du Congo (RDC) fait face à une pression accrue sur son système de santé, dans un contexte marqué par la résurgence simultanée d’urgences sanitaires majeures telles qu’Ebola, le choléra et la mpox. Afin de renforcer les capacités nationales de préparation, de détection et de riposte, le Ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale, avec l’appui technique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le soutien financier du Ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO) du Royaume-Uni, a lancé, le 15 décembre, la deuxième phase du projet intitulé : “Soutien aux urgences sanitaires en RDC dans le cadre de son programme global (Supporting Health Emergency Response in DRC/SHER) ». Cette initiative bénéficiera directement à plus de 1,2 million de personnes dans neuf provinces du pays. 

Nous avons rencontré Kit Smith, Conseiller sécurité sanitaire au ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO). Il partage la vision du FCDO autour de ce partenariat stratégique et l’impact attendu de cette deuxième phase.

Le FCDO apporte un appui supplémentaire de 5,5 millions de livres sterling à la RDC, à travers le programme SHER, qui vise à renforcer la résilience du système de santé face aux urgences sanitaires. En quoi cet appui s’inscrit-il dans la stratégie globale du Royaume-Uni pour la sécurité sanitaire mondiale et la préparation aux urgences ?

Les épidémiques créent de sérieux défis sanitaires et humanitaires pour les communautés touchées. Mais, comme la mpox et d’autres maladies nous l’ont rappelé, les épidémies dépassent les frontières. La sécurité sanitaire est un défi mondial et, par conséquent, une responsabilité mondiale et collective. Le Royaume-Uni est heureux de pouvoir contribuer et jouer son rôle à travers des partenariats internationaux. Notre stratégie consiste à mobiliser l’expertise britannique en santé publique, nos connaissances techniques, scientifiques et cliniques, ainsi que notre environnement dynamique de recherche et développement sur la gestion des épidémies, afin de soutenir le développement de systèmes de santé résilients dans le monde, capables de protéger les nations, les populations et les économies.

Ce projet est mis en œuvre en partenariat avec le ministère de la Santé publique et l’Organisation mondiale de la Santé. Selon vous, quelle est la valeur ajoutée de ce partenariat tripartite pour garantir une réponse intégrée, durable et efficace aux urgences sanitaires en RDC ?

Les partenariats avec le Gouvernement de la RDC et l’OMS sont essentiels pour lutter contre les flambées épidémiques. Le leadership gouvernemental est absolument indispensable, surtout compte tenu des évolutions dans le paysage de l’aide internationale. La réponse réussie menée par le Gouvernement lors de l’épidémie d’Ebola dans la province du Kasaï en est un exemple fort. De son côté, l’OMS apporte une expertise technique inestimable et une connaissance approfondie des défis et opportunités sanitaires en RDC. Sa capacité à coordonner avec de multiples partenaires est clé pour bâtir un système de santé solide, résilient et durablement financé. Tout appui doit s’aligner sur la vision et l’orientation du Gouvernement, et ensemble nous travaillons à contribuer à cet objectif commun.

Ce programme met l’accent sur une réponse intégrée aux maladies à potentiel épidémique (Ebola, choléra, mpox). Quels éléments innovants ou approches spécifiques le FCDO souhaite-t-il promouvoir à travers cette initiative pour améliorer la résilience du système de santé ?

Ce programme vise à renforcer les capacités essentielles du système de santé, telles que la surveillance, les services de laboratoire, la prévention et le contrôle des infections, ainsi que l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène (WASH), afin de détecter et de répondre aux épidémies à leur source. Le renforcement de ces fonctions et la promotion de la collaboration permettent de créer un système de santé proactif plutôt que réactif, réduisant la dépendance aux interventions spécifiques à une maladie. Notre approche favorise des solutions cohérentes et intégrées qui renforcent la résilience et la préparation aux urgences dans l’ensemble du système de santé, permettant des réponses rapides et efficaces face aux menaces émergentes.

Quels résultats ou changements concrets le FCDO espère-t-il observer d’ici la fin du projet, tant pour les communautés bénéficiaires que pour le système de santé dans son ensemble ? Et comment ces acquis pourront-ils être pérennisés au-delà de la période de mise en œuvre (mars 2026) ?

Investir dans des systèmes de santé résilients, c’est protéger les populations et sauver des vies. Nous attendons de ce programme qu’il renforce les efforts du Gouvernement pour améliorer la préparation, ainsi que les capacités de détection et de réponse du système de santé en RDC. Ces avancées contribueront à prévenir la propagation des maladies infectieuses. Parmi les initiatives soutenues figurent la mise en place de centres de traitement des maladies infectieuses dans trois provinces, en collaboration avec l’OMS et les autorités sanitaires nationales et provinciales. La pérennité de ces acquis reposera sur un leadership fort et une appropriation effective par le Gouvernement et les autorités sanitaires locales, afin de garantir que les ressources mises en place restent opérationnelles et efficaces au-delà de la durée du projet.

Enfin, quel message clé le FCDO souhaite adresser aux communautés locales bénéficiaires de cet appui au renforcement du système de santé dans 9 provinces ciblées par le projet ?

Les communautés locales sont au cœur de ce projet. Les partenaires peuvent changer, mais les communautés restent constantes et sont nos alliées, défenseurs et acteurs les plus importants en matière de santé publique. L’engagement communautaire est un pilier clé de ce programme, et cette nouvelle phase s’appuie sur ces partenariats essentiels. Nous sommes extrêmement fiers de travailler aux côtés de tant de personnes dévouées à travers la RDC. Nous saluons le leadership démontré par le Gouvernement et les communautés pour faire de la santé publique la colonne vertébrale et le fondement de la sécurité sanitaire en RDC. Et nous nous réjouissons de continuer à collaborer avec le Gouvernement, l’OMS, les autorités provinciales et les communautés pour soutenir cette mission.